[TERMINÉ] Commerce [Baal et Eglantynne]

La rue se réveillait. Quelques commerçants ouvraient leurs échoppes dans la pâle lueur de l'aurore. Les murs, qui semblaient n'avoir jamais connus les rayons du soleil, étaient couvert de moisissure, et la poussière s'y accrochais, rendant le tout suintant. L'on avait l'impression que les murs suaient.
C'était plongé dans ces joyeuses pensées que Baal avançait dans Brakmar. Il était assis sur sa dragodinde, qui était chargée de viandes. Des besaces pleines de cette denrée pendaient de chaque coté de la selle. Baal avait rejoint la civilisation pour vendre les fruits de sa chasse.
Mais il n'était pas fait pour la ville. Lui aimait la solitude de sa forêt, au milieu de ses invocations, et non pas la compagnie de ses semblables. Il cherchait donc, de mauvaise humeur, un acheteur pour ses ressources. Mais il était complètement perdu.
Il décida donc de se renseigner auprès d'un passant. Justement, une disciple d'Osamodas passait par la-assez jolie soit dit en passant. Il lui demanda donc de la voix légèrement rauque et basse de ceux qui parlent rarement :

"Demoiselle ? Excusez moi... Sauriez vous ou je pourrais vendre mon stock de viande ? "

Rôdeur Sournois Messages : 35 Date d'inscription : 24/12/2010

Eglantynne appréciait ces rares moments où elle pouvait parcourir les ruelles noires de Brâkmar. Etant donné qu'elle vivait à Madrestam, bien que brâkmarienne pure et dure, elle n'avait pas souvent l'occasion de regagner la cité, et la plupart du temps elle ne venait que pour assister aux réunions secrètes de la Confrérie des Rôdeurs Sournois. Mais la réunion pour laquelle elle était venue n'aurait lieu que dans la soirée, et le jour venait à peine de se lever, elle en profitait donc pour errer dans les rues sans réel but. Mais elle fut soudain interpellée. Se retournant vivement elle vit tout de suite qui l'avait appelé. C'était un disciple d'Osmodas, juché sur sa dragondinde à l'air épuisée. Avant de répondre, Eglantynne fixa le nouveau venu d'un air curieux, car l'Osamodas sortait de l'oridinaire.

Il était vêtu curieusement, était couvert de poussière, avait un drôle d'accent, et parlait d'une voix bizarre. assurément il n'était pas du coin... Un paysan, cela ne fait aucun doute, conclut Eglantynne.

L'homme portait des sacs pleins à craquer de diverses pièces de viande, côtelettes, jambons, filets, abats, etc. Toute cette chair avait l'air excellente, mais un doute vint à Eglantynne. Avant de répondre tout de suite, elle demanda poliment:

- Hum, vous semblez venir de trés loin étranger... Votre viande n'est pas avariée après votre long voyage j'espère ?

Baal rendit un longs regard a l'osamodette lui faisant face. Elle avait beau être jolie, elle avait un air qui l'incitait a la méfiance. Elle avait cette arrogance, cette sureté de ce qu'elle est et de ce qu'elle vaux, que Baal méprisait et cherchait a éviter en s'isolant. Mais elle lui avait répondu gentiment, et il avait vraiment besoin d'aide. Il prit donc le devoir de lui expliquer, en butant sur les mots, ne sachant comment s'exprimer :

"Hey bien, je me suis fabriqué un atelier qui... Enfin... En utilisant des graisses de gelées... Et d'autres ingrédients... J'arrive a conserver ces viandes... Vous voyez ce que je veux dire ? "

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- Oh, ne vous inquiétez pas, je vois parfaitement de quoi vous parlez, j'utilise parfois des artifices semblables pour mes philtres ou mes remèdes. A vrai dire j'étais un peu soupçonneuse, car si vous saviez combien de marchands malhonnêtes compte cette ville... Beaucoup cachent la pourriture en parfumant la marchandise avec de la viande fraiche, c'est absolument scandaleux... Enfin bref je m'égare. Je vais sûrement vous décevoir, je ne suis pas vraiment du coin pour ne rien vous cacher. Je connais seulement la grande place marchande si vous voulez dresser un étal. Ou alors vous pouvez confier votre marchandises à l'hôtel des ventes des chasseurs et bouchers... Mais la taxe est plus élevée ! Qu'en dites vous ? Je serai ravie de vous y accompagner.

Eglantynne scruta l'étranger après avoir répondu. Malgré son apparence curieuse et langage bizarre, il parassait plutôt sympathique. Et après tout, Eglantynne était libre pour toute la journée.

Baal ne voyait pas l'intérêt d'aller a l'hotel de vente, puisqu'il pouvait gagner plus au marché. Il répondit donc :

"Hey bien... Alors allons sur le marché j'imagine... Je pourrait peut être rencontrer quelqu'un qui aura besoin que je le fournisse au passage ?"

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- Oui, j'imagine ! répondit Eglantynne d'un air serein. Bon, c'était un peu loin par contre, nous devrons marcher. Vous êtes arrivé par la porte Nord ? Si oui vous avez tourné en rond à ce que je vois car la Place Marchande n'est pas trés éloignée des remparts.

Elle jeta un oeil inquiet vers la dragondinde.

- Si vous n'êtes pas trop pressé, je suggere que nous n'allions pas trop vite, votre monture semble épuisée. Nous pourrons sûrement trouver un abreuvoir ou quelque chose comme ça en route. Mais j'y pense, je ne me suis même pas présentée ! Eglantynne Cassegrain, pour vous servir.

"Et tu peux m'appeler Baal. Je dois avouer que je me suis quelque peu perdu... Il est fort possible que j'ai tourné en ronds oui..."

Baal jeta un regard a sa dragodinde.
"En effet... J'avais pas vraiment remarqué qu'elle était si épuisée... Je vais continuer a pied..."Après avoir marché un temps. "D'ailleurs... Merci pour ton aide."

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- Et bien, heureuse de faire ta connaissance.. hum ... Baal !

C'est bien un nom de paysous ça !

- En route alors, ne t'inquiètes pas, ce sera un plaisir.

Eglantynne commença à avancer le long des ruelles sombres. Le mauvais temps hivernal associé à la noirceur de l'environnement ne donnait pas une ambiance franchement conviviale. Pour tenter de brier le silence, Eglantynne essaya de faire ce qu'elle savait le mieux faire: papoter.

- Je pense qu'il serait plus sage de rejoindre un axe un peu moins isolé. Ces petites rues sont parfois dangereuses, et comme tu as de la marchandise ça pourrait attirer certains... Tu viens de quel coin au fait ? Je n'ai jamais entendu ton accent nulle part !

"Hey bien...

Baal n'osait pas avouer son ignorance quand au nom du lieu ou il vivait. Il n'utilisait que peu de carte, et très mal.

"Je ne pense pas que vous connaissiez... C'est une forêt au Nord Ouest d'ici... Mais je n'ai pas réellement de villégiature, je suit les troupeaux pour chasser... Il ajouta en jetant des coups d'œils inquiets autour de lui : Sinon, très bonne idée, empruntons les grandes avenues"

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Eglantynne bifurqua donc à la première occasion pour quitter le labyrinthe de petites rues dans lesquelles Baal s'était perdu. Les deux passants se retrouvèrent donc sur une avenue plus large, plus lumineuse (le mot 'lumineuse' étant à prendre avec des pincettes !), et surtout plus rassurante. Maintenant qu'Eglantynne était lancée il était possible de l'arrêter, elle noyait son nouveau compagnon sous ses questions.

- Formidable, tu es nomade en quelques sortes ? Moi ça me plairait bien. Remarque je n'aime pas beaucoup les forêts, c'est bien trop humide, et sombre... Comme Brâkmar en fait ! Moi j'habite à Madrestam .. mais je crois que je l'ai déjà dit, je commence à radoter. Donc, heureusement que pour faire le trajet Brâkmar-Madrestam, on ne traverse pas de forêt. Mais il faut faire un grand détour pour éviter la presqu'île des Dragoeufs. Tu vois où c'est bien sûr ? Donc je prend la route de la plaine de cania, c'est plus sûr, car je ne peux pas souvent me payer un mercenaire pour le voyage hélas. Et les routes ne sont plus vraiment sures de nos jours ! Et toi tu as visité quels endroits ? Moi j'aimerai bien aller visiter les îles un jour, mais ça coûte cher, il faudrait une bonne raison d'y aller...

Elle reprit son souffle, mais demeurait intarrissable.

- Et Brâkmar ça te plait ? Tu as bien fait de venir ici, les prix sont beaucoup plus d'intéressants qu'à Bonta. Quand on veut vendre bien sûr, haha. Il faut dire que ça manque un peu de tout par ici, alors le prix des denrées monte vite. Mais moi j'achête tout là où j'habite bien sûr ! Tu vas loger ici cette nuit ? Tu as déjà choisi un endroit ? Hum, ça se couvre sévèrement, j'espère qu'on ne va pas avoir une tempête de neige, ça serait affreux pour marcher...

Baal était perdu dans le flot de parole de son compagnon de route. Lui qui n'entendait rarement plus de quelques mots a la suite, et qui ne lâchait que quelques jurons lorsqu'il perdait la piste d'un sanglier, devait essayer de suivre un babillage incessant. Il abandonna bien vite cependant, n'écoutant plus que d'une oreille, se laissant bercer par la voix d'Eglantynne. Pourtant, au bout d'un moment, il se rendit compte qu'elle arrêtait de parler, attendant une réponse. Il dit donc :

"Je ne pense pas qu'il neige cette nuit... Pour le logement, je pensait dormir a la dure dans la ville, ou en dehors des murs si je me fait refouler. J'ai relativement peu voyagé en dehors d'Amakna." Puis, passant du coq a l'âne : "Pourquoi m'aide tu ? "

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Eglantynne resta interloquée par l'étrange question, qu'elle ne s'était même pas posée à elle-même. Elle décida de répondre sans vraiment réfléchir à ce qu'elle disait.

- Bah... Je ne sais pas, je ne me le suis pas vraiment demandé ! C'est peut-être parce que je n'ai rien à faire de ma journée, qui sait. Et puis parce que je suis curieuse, et sur ce plan là je dis dire que tu es un trés bon sujet ! Même si tu n'es pas trés bavard hélas !

Elle lui fit un clin d'oeil amical. Etrangement, son humeur, qui était morose depuis des jours, semblait s'améliorer chaque minute depuis qu'il avançaient dans Brâkmar.

- Et puis qui sait... Je pourrai peut-être te demander une faveur en échange...

Glargh

Autour d'eux, la foule se densifiait, surement parce qu'ils arrivaient en un lieu plus fréquenté, ou alors qu'un évènement était en train de se produire. Mais ce n'était pas ça qui inquiétait Baal. Il n'aimait pas être lié a des gens par des promesses ou des dettes. Néanmoins, il appréciait cette citadine, et il ne pouvait pas se débrouiller seul dans la ville. Il demanda donc :

"Une faveur ? De quel genre ? "

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Eglantynne n'avait rien perçu du malaise qui avait frappé Baal, et elle répondit d'un ton guilleret:

- Oh, je ne sais pas moi ! Quelque chose utile, hihi. Par exemple j'adoooorerai chasser, tu pourrai m'enseiger des rudiments ? Un truc dans ce genre. Tu pars quand ? On pourrait faire un bout de route ensemble ! Ça mep lairait beaucoup de voir du pays un petit peu ! Mais bon je m'égare, on va commencer par aller à la place marchande.

"Bien sur, je ne vois aucun problème pour t'apprendre les rudiments de la chasse, puisque tu m'as toi même aidée... Je repart chasser dès que j'aurais vendu mon stock."

Baal remarqua qu'il y avait vraiment beaucoup d'agitation autour d'eux. La fébrilité autour d'eux augmentait a chaque pas.

"Heu dis moi... On arrive ou la ? Et c'est normal que les gens soient... Comme ça ? "

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Eglantynne leva le nez du chemin, et regarda autour d'eux, oubliant complètement la question qu'elle avait posé. Tiens, effectivement, il regnait une ambiance étrange dans la rue. L'endroit qu'il venait d'atteindre n'était pas le plus anodin de la ville. Ils franchissaient effectivement le pont sur la rivière de lave, qui permettait l'acces au centre de la cité, où se trouvaient entre autres, la Milice, la Tour de Brâkmar, le Zaap... Les gens marchaient d'un pas pressé, certains criaient, même pour le quartier central, tout ceci n'était pas trés habituel.

- Je me demande ce qui se passe aussi, souffla Eglantynne, tout cela semble louche... Je crois qu'on ferai mieux de se serrer contre les murs plutôt que de marcher en plein milieu de la voie...

Avec précipitation il regagnèrent le mur le plus proche, tout en continuant de chercher à comprendre ce qui se passait.

C'est alors que la foule éclata. Tout le monde se mit a fuir a qui mieux mieux. Baal et Eglantynne se retrouvèrent pris en tenaille entre cette foule de fuyards et, de l'autre coté, les miliciens qui rameutaient de toute part, chargeant vers l'épicentre de la panique. Ce, bien entendu, sans faire attention aux passants qu'ils piétinaient. On était pas a Brâkmar pour rien.
C'est alors que Baal put comprendre la raison de cette panique. Il n'était absolument pas aux faits de la politique entre Bonta et Brâkmar, mais il se doutait bien que croiser un représentant du "bien", dans une ville de démon... D'autant plus qu'il n'était pas seul. Ils étaient même bien nombreux. De tout cercles, de toutes classes, des anges sortaient d'un bâtiment a l'allure encore plus austère et glauque que les autres bâtisses de cette sombre citée (C'est dire).
Baal se figea. Cette violence était parmis ce qu'il aimait le moins chez ses semblables. Il se doutait bien que lui et cette disciple d'Osamodas qui l'accompagnait ne pouvaient pas se défendre face a une telle multitude d'ennemis, de dangers. Il cria donc, tout en simplicité comme a son habitude, a son acolyte afin de couvrir le vacarme :

" Comment se sortir de ce bourbier ? "

Rôdeur Sournois Messages : 35 Date d'inscription : 24/12/2010

Sans répondre, Eglantynne tira vivement son compère par le bras, et la Dragodinde les suivant en trotinant, il se mirent à courir avec les autres habitants de la ville. Manifestement, une évasion massive de prisonniers Bontariens venait d'avoir lieu au sein des géôles de Brâkmar, ce qui ne présageait absolument rien de bon. Il se mirent donc à dévaler la rue au son des hurlements et des bruits de la bataille. Les Bontariens semblaient résolus à ne pas faire de quartier, et déjà les corps des blessés jonchaient la chaussée. Au croisement d'une rue, une troupe de prisonniers évadés venait de jaillir ; ils étaient sales et en haillons mais semblaient prêts à en découdre. Exaspérée Eglantynne entaîna Baal en sens inverse en rugissant:

- C'est pas possible, nom d'un tofu malade, ils sont partouts ! Cours, ne t'arrêtes surtout pas, on ne peut même pas aller dans les égoûts avec la Dragodinde !

Mais soudain, une idée jaillit dans son esprit. Il y avait un moyen d'échapper à cette cohue. Continuant de courir, la jeune Osamodette entraîna Baal dans les ruelles, qui constituaient un vrai labyrinthe, une fois sorti des grandes avenues. Elle avait une idée trés précise de sa destination...

[Suite: Sauver qui peut!]